Se retrouver coincé, incapable d’honorer ses factures, ce n’est pas juste une mauvaise passe. C’est une réalité qui s’installe, qui dure, et qui touche bien plus de monde qu’on ne veut bien l’admettre. Le surendettement, ce n’est pas qu’une affaire de chiffres qui basculent dans le rouge : c’est une mécanique qui s’enclenche, parfois sournoisement, et qui finit par broyer la stabilité du quotidien. Derrière chaque situation, il y a des causes, souvent entremêlées, rarement anodines. Voici ce qui nourrit le surendettement aujourd’hui.
Quelles sont les causes du surendettement ?
Impossible de réduire le surendettement à un seul facteur. Il se nourrit de failles variées, qu’on peut regrouper en deux grandes familles : les causes objectives, qui s’imposent à nous, et les causes subjectives, qui relèvent de choix ou de comportements individuels.
Les causes objectives
Les causes objectives surviennent sans qu’on ait voix au chapitre. Elles frappent sans distinction, souvent de façon brutale. On pense bien sûr aux crises économiques, qui bouleversent l’équilibre global et entraînent leur lot de licenciements, de faillites et d’incertitudes. Quand l’inflation s’emballe, que le prix du logement, de l’alimentation ou de l’énergie grimpe en flèche, beaucoup se retrouvent à devoir jongler avec un budget qui ne tient plus la route. Même en serrant les dents, il devient difficile de couvrir les dépenses de base. Ces pressions externes, indépendantes de toute volonté individuelle, finissent par épuiser les finances et précipitent dans le surendettement.
Les causes subjectives
À l’inverse, certaines situations découlent de nos propres choix ou habitudes. La gestion de l’argent, par exemple, peut vite devenir un terrain miné. Dépenser sans mesurer, ignorer l’état de ses comptes, céder trop souvent à l’envie d’acheter… autant de comportements qui fragilisent le budget. Les addictions, qu’elles concernent les jeux d’argent ou la consommation de substances, amplifient encore le risque. Enfin, s’enfermer dans un engrenage où l’on rembourse un prêt en contractant un nouveau crédit, c’est ouvrir la porte à une spirale dont il est difficile de s’extraire.
Comment réagir face au surendettement ?
Quand le surendettement résulte de bouleversements extérieurs, la marge de manœuvre est réduite. Pourtant, dès lors que la situation dépend de ses propres choix ou de sa gestion, il reste des leviers à activer. Se former à la gestion budgétaire, apprendre à hiérarchiser ses dépenses, se demander à chaque achat si la dépense est réellement compatible avec sa situation financière : autant de réflexes à cultiver pour préserver son équilibre.
Les signes avant-coureurs du surendettement à surveiller
Certains indices doivent alerter, car ils annoncent souvent un basculement progressif vers le surendettement. Prendre conscience de ces signaux permet d’agir avant qu’il ne soit trop tard.
- Des dépenses qui dépassent régulièrement les revenus. Cela commence parfois par quelques achats superflus ou des sorties supplémentaires, puis le déséquilibre s’installe.
- La multiplication des crédits à la consommation ou des prêts personnels en peu de temps. Ce recours fréquent à l’emprunt traduit souvent une difficulté à boucler les fins de mois.
- L’utilisation quasi systématique de la carte bancaire, sans suivi précis du compte. On finit par perdre de vue l’état réel de ses finances.
Face à ces signaux, il vaut mieux réagir vite que de laisser s’installer une situation qui, à terme, peut devenir très difficile à redresser.
Les solutions pour éviter le surendettement
Si malgré la vigilance, la situation dérape, il existe plusieurs options pour tenter de reprendre la main. La première étape consiste à dialoguer avec sa banque ou ses créanciers, pour négocier des aménagements : report d’échéance, réduction temporaire des mensualités. Le regroupement de crédits est parfois une autre voie, permettant de rassembler différentes dettes en un seul prêt, avec une mensualité adaptée à sa capacité de remboursement. Ce n’est pas une baguette magique, mais cela peut simplifier la gestion du budget et limiter les incidents de paiement.
Certains organismes ou professionnels, comme les conseillers budgétaires ou les experts-comptables, proposent un accompagnement personnalisé. Leur intervention aide à dresser un état des lieux précis et à bâtir un plan d’action réaliste.
Quand la situation devient intenable, le dépôt d’un dossier auprès de la Commission de Surendettement offre une protection temporaire vis-à-vis des créanciers. Cela ouvre la possibilité d’établir un plan de remboursement adapté, ou, dans certains cas, d’effacer tout ou partie des dettes.
Prendre du recul sur sa façon de consommer et rester attentif à l’évolution de ses finances évite bien des déconvenues. L’action rapide reste la meilleure alliée pour ne pas s’enfermer dans une impasse financière.
Les conséquences du surendettement sur la vie quotidienne
Vivre sous le poids des dettes, ce n’est pas qu’une question de chiffres. Le surendettement grignote le moral, isole, empêche de se projeter. Les loisirs disparaissent, les projets s’effacent. Le stress s’installe, les nuits raccourcissent, la santé vacille parfois jusqu’à la dépression. Les tensions s’accumulent au sein du foyer, les relations s’effritent. Et quand les impayés s’accumulent, la menace de perdre son logement ou de subir une expulsion n’est jamais loin.
On ne parle pas ici d’un simple désagrément : c’est une précarité concrète qui s’installe, avec des conséquences durables sur la vie de la personne et de son entourage.
Les organismes d’aide et de conseil pour les personnes surendettées
Personne ne devrait affronter le surendettement seul. Plusieurs structures existent pour conseiller et accompagner ceux qui traversent cette épreuve.
La Banque de France reste un point d’appui central. Elle peut intervenir pour mettre en place un échéancier, ce qui permet de rééchelonner le remboursement des dettes et d’échapper à la pression immédiate des créanciers.
D’autres structures, comme le Crédit Municipal, proposent des solutions comme le micro-crédit social ou la médiation bancaire, tandis que l’ADIL accompagne les locataires en difficulté, notamment en cas de menace sur le logement.
Faire appel à des professionnels du droit, avocats ou huissiers spécialisés, peut aussi aider à défendre ses droits et à trouver une solution adaptée.
Demander de l’aide, c’est souvent le premier pas pour retrouver confiance et sortir la tête de l’eau. Le surendettement n’est pas une fatalité : il existe des relais, des ressources, et, pour qui ose les solliciter, un chemin vers la reconstruction.

