Mettre en pause un crédit : comment faire et est-ce possible ?

Un virement qui tarde, une panne de voiture qui vous tombe dessus, ou pire : une perte d’emploi qui vide le compte. Pendant que le quotidien tangue, les prélèvements de crédit, eux, n’ont que faire des imprévus. Pour beaucoup, la question surgit alors sans détour : peut-on vraiment appuyer sur « pause » sans tout faire exploser côté banque ? Combien ça coûte ? Et surtout, comment s’y prendre pour éviter la spirale des relances et des pénalités ?

Peut-on vraiment mettre en pause son crédit ? Cas concrets et conditions à connaître

Le report d’échéances n’est pas un mythe, mais il n’est pas plus automatique qu’un parapluie sous l’orage. Certaines banques acceptent qu’un emprunteur en difficulté suspende temporairement ses remboursements. L’arsenal comprend la suspension totale ou partielle du crédit, à condition que le contrat (notamment en crédit immobilier ou crédit à la consommation) l’ait prévu. Les prêts professionnels, eux, restent généralement hermétiques à ce genre d’arrangement.

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  • Un report total gèle le remboursement du capital et des intérêts pour une période fixée, typiquement entre 1 et 12 mois.
  • Un report partiel vous laisse payer uniquement les intérêts et l’assurance, en repoussant le capital à la fin du prêt.

Mais ne vous attendez pas à une validation sur simple demande. La banque scrute votre situation à la loupe : antécédents de remboursement, nature du crédit, clauses du contrat. Certains prêts immobiliers incluent cette option dès la signature – encore faut-il l’avoir repérée. Pour d’autres, il faudra négocier.

Exemples concrets

Le cas de Sophie, cadre dans l’agroalimentaire, illustre la réalité du terrain. Après un accident de la route, elle se retrouve en arrêt longue maladie. Son contrat de crédit immobilier prévoyait un report d’échéances : la banque a accepté de suspendre ses mensualités pendant six mois, étalés en deux périodes de trois mois, à condition de fournir chaque fois ses justificatifs d’arrêt de travail. Autre exemple, celui d’Éric, salarié dans le BTP : après une baisse d’activité, il tente d’obtenir un report sur son crédit à la consommation destiné à l’achat d’une voiture. Son organisme refuse, mais propose de réduire temporairement les mensualités, avec un allongement du remboursement.

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Le rôle de l’assurance emprunteur n’est jamais accessoire. Certaines garanties prennent le relais en cas d’incapacité temporaire – un détail qui a sauvé plus d’un budget, comme en témoigne une enquête de l’INC selon laquelle 29% des emprunteurs ignorent cette option. Prenez le temps de relire le contrat de prêt, il cache parfois des marges de manœuvre insoupçonnées.

La marche à suivre pour demander la suspension de vos mensualités

Avant de lancer la moindre demande, retournez à la source : votre contrat de prêt. Certains textes, surtout en crédit immobilier, incluent dès l’origine la possibilité d’un report de mensualités ou d’une suspension temporaire. Repérez les clauses, les limitations de durée, les conditions d’accès. Si la clause existe, vous avez déjà une première cartouche à faire valoir.

Ensuite, prenez rendez-vous avec votre conseiller bancaire. Oubliez le discours flou : exposez clairement votre situation, étayez par des justificatifs récents (certificat médical, attestation de chômage, lettre de licenciement, relevés prouvant la baisse d’activité). Soyez précis sur la période de suspension que vous visez.

  • Rédigez une demande formelle, à adresser à votre agence.
  • Joignez tous les documents nécessaires et indiquez la durée souhaitée du report.
  • Demandez une simulation chiffrée du nouveau tableau d’amortissement après report.

La banque peut réclamer des frais de dossier pour éditer un avenant au contrat. Si elle donne son feu vert, l’avenant précise les nouvelles modalités et doit être signé avant toute suspension effective. Attention : un report, même temporaire, modifie le coût et la durée du crédit. Avant de valider, pesez bien l’impact. Si la banque oppose un refus ou si le contrat ne prévoit rien, discutez d’autres pistes : modulation d’échéances, rachat de crédit, activation de l’assurance emprunteur…

Astuce : Demander un nouveau tableau d’amortissement n’est pas une formalité. C’est votre meilleur allié pour anticiper l’impact financier réel du report.

Quel impact sur le coût et la durée de votre crédit en cas de pause ?

Arrêter de rembourser son crédit ne revient jamais à mettre le compteur sur zéro. Pendant le report, la banque continue de faire tourner l’horloge des intérêts sur le capital restant dû, sauf rare exception clairement mentionnée dans l’avenant. L’assurance emprunteur, elle, reste due : la cotisation vous sera réclamée, même si le capital attend son tour.

  • Avec un report partiel, vous suspendez seulement le capital ; intérêts et assurance restent à régler chaque mois.
  • Un report total diffère le paiement de toute la mensualité, mais les intérêts et l’assurance s’accumulent et majorent le coût final.

Ce jeu de bascule prolonge la durée de remboursement. Un report de six mois équivaut à six échéances ajoutées à la fin, voire plus si la banque recalcule le calendrier. Résultat : davantage d’intérêts à payer, surtout sur un crédit immobilier à long terme. L’addition peut grimper à plusieurs milliers d’euros selon le montant initial et la durée restante. Exemple : sur un prêt de 200 000 € à 1,5 % sur 20 ans, un report de 12 mois peut coûter près de 2 000 € d’intérêts supplémentaires !

Prenez le temps d’analyser le nouveau tableau d’amortissement fourni par la banque. Pour limiter la casse, reprenez les remboursements dès que possible ou augmentez légèrement la mensualité une fois la crise passée.

crédit pause

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Envisagez le délai de grâce auprès du tribunal

Quand la porte bancaire reste close, il reste la fenêtre judiciaire. Le délai de grâce, prévu par le Code de la consommation, autorise le tribunal à suspendre vos remboursements jusqu’à deux ans. Attention : il faut démontrer que vos difficultés financières sont réelles et passagères. Cette procédure s’utilise en dernier recours, mais elle a déjà permis à de nombreux ménages de reprendre leur souffle – en particulier lors de la crise sanitaire, où les demandes ont explosé (+25% selon une étude du ministère de la Justice en 2022).

Rachat de crédit ou modulation des échéances

Le rachat de crédit permet de regrouper tous vos prêts en une seule mensualité réduite, au prix d’un allongement de la durée. Cette solution séduit ceux qui veulent éviter l’arrêt complet des remboursements tout en desserrant la pression. Autre piste : la modulation des échéances. Certaines banques acceptent d’ajuster temporairement le montant des mensualités à la baisse, dans la limite fixée par le contrat.

  • En situation de blocage, la commission de surendettement peut s’imposer si vos charges deviennent ingérables.
  • Exploitez la loi Lemoine pour changer d’assurance de prêt : une délégation bien négociée peut alléger la facture mensuelle.

La suspension de crédit à la consommation varie selon les contrats. Prenez le temps d’éplucher les conditions et, si besoin, négociez un aménagement temporaire. Un conseiller de la Banque de France confiait récemment avoir vu des situations se décanter grâce à un simple appel proactif du client, évitant ainsi des impayés aux lourdes conséquences.

« Mettre en pause un crédit, c’est parfois acheter du temps pour se remettre d’une tempête. Mais chaque pause a un prix, et l’inaction peut coûter bien plus cher que la négociation. »